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Face à un contexte de montée du protectionnisme mondial et d'incertitudes extérieures croissantes, la région de la Grande Baie Guangdong-Hong Kong-Macao joue un rôle stratégique renouvelé en tant que passerelle vers une coopération économique plus étroite avec les économies asiatiques, ont déclaré dimanche des experts et des acteurs du monde des affaires lors du Forum financier mondial Tsinghua PBCSF 2025, tenu à Shenzhen, dans la province chinoise du Guangdong (sud).

« La région de la Grande Baie devrait se concentrer sur la stabilisation des liens avec l'Europe et les États-Unis, sur une intégration plus poussée avec l'Asie de l'Est, ainsi que sur le développement de la coopération dans le cadre de l'initiative de “La Ceinture et la Route” », a déclaré Wang Chunxin, chef adjoint de l'unité politique du chef de l'exécutif de la Région administrative spéciale (RAS) de Hong Kong.

Il a précisé que l'Asie de l'Est désigne ici 16 grandes économies, comprenant la Chine, le Japon, la Corée du Sud et les membres de l'ASEAN. « En 2021, ces économies représentaient plus de 30% du PIB mondial, et cette part pourrait atteindre 40% au cours des dix ou vingt prochaines années. La région de la Grande Baie devrait ainsi se positionner comme un pont essentiel vers cette région », a souligné M. Wang.

Il a noté que la région de la Grande Baie pouvait s'appuyer sur les atouts institutionnels et les réseaux mondiaux de Hong Kong afin de répondre aux besoins de financement étranger des entreprises de la partie continentale de la Chine ainsi que de favoriser une ouverture de haut niveau.

« L'intégration financière entre Shenzhen et Hong Kong s'est progressivement renforcée ces dernières années », a déclaré Shi Weigan, directeur général adjoint exécutif du Bureau de la Commission des affaires financières du Comité municipal du Parti communiste chinois (PCC) à Shenzhen. « Des mécanismes tels que Stock Connect se sont étendus aux Bond Connect et Wealth Management Connect, attirant des investisseurs de plus de 130 pays et régions du monde. Cela a considérablement renforcé l'ouverture et la liquidité des marchés des deux côtés. »

Darryl Chan, directeur général adjoint de l'Autorité monétaire de Hong Kong, a affirmé que Hong Kong était bien placée pour servir de plateforme clé aux entreprises de la partie continentale de la Chine qui souhaitent s’internationaliser, la ville offrant financements, services et accès aux marchés. « De nombreuses entreprises, allant des constructeurs de véhicules électriques aux chaînes de restauration, choisissent Hong Kong comme base pour leur expansion internationale. Elle reste la porte d'entrée la plus accessible vers les marchés internationaux », a-t-il déclaré.

M. Chan a appelé à un développement accru des canaux de distribution tournés vers le sud, notamment en autorisant les investissements en yuans dans les actions hongkongaises et en élargissant la participation institutionnelle au Bond Connect, tout en utilisant la région de la Grande Baie comme zone pilote pour l'intégration de la gestion de patrimoine.

« Hong Kong est à l'avant-garde des projets pilotes de monnaie numérique transfrontalière, et nous continuerons à promouvoir l'utilisation du yuan dans les échanges commerciaux réels afin de soutenir son internationalisation », a-t-il assuré.

Concernant Macao, Zhu Junlin, conseiller de l'Autorité monétaire de Macao, a mis en avant le rôle de la ville en tant que « connecteur précis » avec les pays lusophones, aidant les entreprises chinoises à exploiter les marchés émergents. « Via des expositions, la promotion des investissements et la mise en relation de projets, Macao permet aux entreprises de la partie continentale de la Chine de s'implanter à l'étranger et aux entreprises lusophones de s'implanter en Chine », a-t-il déclaré. « Nous ne sommes pas en concurrence avec Hong Kong. Nous nous complétons mutuellement pour soutenir le développement économique national. »

Li Jiefeng, président de l'Association des petites et moyennes entreprises cotées de Hong Kong, a avancé que la région de la Grande Baie devrait renforcer son autonomie technologique, construire des chaînes d'approvisionnement résilientes, et renforcer ses liens avec les marchés asiatiques face à la montée des risques géopolitiques et liés aux chaînes d'approvisionnement. « Nous devons renforcer le rôle de la région de la Grande Baie en tant que plaque tournante à double circulation en approfondissant l'intégration avec le marché de la partie continentale de la Chine », a-t-il ajouté. « Parallèlement, nous devrions élargir la coopération commerciale et d'investissement avec l'ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) et les BRICS afin de compenser les incertitudes sur les marchés occidentaux. »

Lam Lung-on, membre du 14e Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC) et président de l'Association des importateurs et exportateurs de la région de la Grande Baie, a déclaré dimanche au Global Times que les entreprises de la région de la Grande Baie avaient fait preuve d'une grande résilience face aux tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine. Au cours des quatre premiers mois de 2025, les villes de la région situées dans la partie continentale de la Chine ont enregistré une croissance commerciale de 5,4%, soit supérieure à la moyenne de leurs provinces, et ce grâce aux produits technologiques et aux modernisations structurelles. Si la suspension de 90 jours des droits de douane américains a offert un coup de pouce à court terme, des incertitudes subsistent. M. Lam a ainsi exhorté les entreprises à se développer sur les marchés de « La Ceinture et la Route », à construire des entrepôts à l'étranger et à renforcer leur logistique afin de gérer les risques.

Il a ajouté que le commerce électronique transfrontalier basé sur l'intelligence artificielle (IA) était en train d’émerger comme un nouveau moteur de croissance, aidant les entreprises à optimiser leurs opérations et à réduire leurs coûts. La région de la Grande Baie est en train de relier activement ses pôles industriels aux plateformes de commerce numérique pour aider davantage de PME à se mondialiser.

Priyadi Hadi Asmoro, analyste des risques commerciaux et spécialiste principal à l'Indonesia Eximbank, a déclaré dimanche au Global Times que le principal avantage concurrentiel de Shenzhen en tant que porte d'entrée vers l'Asie du Sud-Est résidait dans sa proximité avec Hong Kong. « Hong Kong est depuis longtemps une plaque tournante du commerce mondial, de sorte que les marchandises y transitent pour atteindre la Chine ou d'autres pays. Cette connectivité est le principal atout de la Chine dans cette région », a-t-il affirmé.

« Les nouvelles politiques commerciales mondiales obligent les pays en développement à ajuster leurs stratégies », a-t-il noté. « Ils doivent diversifier leur base d'acheteurs au-delà des États-Unis et améliorer l'efficacité de leur chaîne d'approvisionnement. La collaboration entre pays en développement peut contribuer à compenser les pertes d'opportunités sur le marché américain », a ainsi expliqué M. Asmoro, qui participe également au Programme de renforcement des capacités financières mondiales pour les pays en développement du Tsinghua PBCSF.

« Avec la hausse des droits de douane américains, la diversification est essentielle », a-t-il ajouté. « La Chine est un marché immense – l'un des cinq premiers au monde – et le renforcement des liens avec elle est donc une stratégie logique. Les pays en développement comme l'Indonésie renforceront probablement leur collaboration avec les grandes économies comme la Chine afin de rééquilibrer leurs échanges commerciaux. Passer d'approches unilatérales à des approches multilatérales et s'adapter à l'incertitude est la nouvelle réalité », a-t-il conclu.