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La coopération sino-française assure le développement à grandes enjambées du secteur nucléaire chinois (REPORTAGE)

"La Centrale nucléaire de Taishan, qualifiée de 'premier projet EPR au monde' et construite conjointement par la Chine et la France, est devenue un modèle de référence pour les centrales nucléaires de troisième génération", a déclaré récemment Yang Changli, qui occupe la présidence tournante de l'Association chinoise de l'énergie nucléaire, lors du Forum international sur le développement durable de l'énergie nucléaire.

Située dans le bourg de Chixi de la province chinoise du Guangdong (sud), la Centrale nucléaire de Taishan comprend deux réacteurs d'une capacité unitaire de 1,75 GW. Ce projet, fruit d'une collaboration entre China General Nuclear Power Group (CGN), EDF et Guangdong Energy Group, constitue le plus grand partenariat sino-français dans le domaine énergétique.

Selon le groupe CGN, à la fin de l'année dernière, la production cumulée d'électricité de la Centrale nucléaire de Taishan avait atteint 106,9 milliards de kWh, soit l'équivalent d'une réduction de 32,14 millions de tonnes de consommation standard de charbon et de 88,09 millions de tonnes d'émissions de dioxyde de carbone.

Le réacteur n°1 a été mis en chantier en 2009, suivi du réacteur n°2 en 2010, faisant d'eux respectivement les troisième et quatrième réacteurs EPR (de troisième génération) construits dans le monde. Le 9 janvier 2018, cette centrale nucléaire est entrée dans l'histoire lorsque son premier réacteur est devenu le tout premier EPR opérationnel au monde.

"Le premier investissement étranger dans une centrale nucléaire chinoise, c'est celui d'EDF à Taishan, et nous en sommes très fiers", confie Jean-Philippe Lamarcade, président du Partenariat France Chine électricité. "Aujourd'hui, plus d'une centaine d'entreprises françaises entretiennent des relations commerciales avec la Chine dans le domaine du nucléaire, et ces coopérations ont encore un fort potentiel de développement", ajoute-t-il.

Liu Guoqiang, porte-parole de Taishan Nuclear Power Joint Venture Co., Ltd., coentreprise entre CGN et EDF, souligne que la France est le premier pays occidental à avoir établi une coopération dans le nucléaire civil avec la Chine, et que cette collaboration demeure un pilier des échanges économiques et technologiques entre les deux nations.

D'après CGN, la construction des réacteurs n°3 et n°4 vient d'être approuvée dimanche. Ces unités utiliseront la technologie nucléaire chinoise de troisième génération, Hualong One.

Selon le Livre bleu 2025 sur le développement de l'énergie nucléaire en Chine, publié dimanche, le pays comptait 57 réacteurs commerciaux en service fin 2024, pour une capacité totale de 59,76 GW (troisième rang mondial). En 2024, le taux d'utilisation des équipements nucléaires a atteint 7.797 heures, et la production annuelle d'électricité nucléaire s'est élevée à 444,7 TWh (deuxième rang mondial), représentant 4,72% de la production électrique nationale, avec une réduction estimée des émissions de CO2 d'environ 334 millions de tonnes.

Dans un message vidéo diffusé lors du forum, Rafael Grossi, directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, souligne que la Chine est désormais le deuxième plus grand producteur mondial d'énergie nucléaire, possédant le plus grand nombre de réacteurs en construction. Le nucléaire, selon lui, constitue une voie essentielle pour atteindre les objectifs chinois de pic des émissions de CO2 d'ici 2030 et de neutralité carbone avant 2060.

Dans ce contexte d'accélération vers la neutralité carbone, EDF entend mettre à profit son expertise unique. Avec une électricité parmi les moins carbonées au monde (<30g CO2/kWh), le groupe français vise à apporter son double savoir-faire dans les nouvelles centrales nucléaires et les parcs renouvelables avec stockage intelligent - une synergie clé pour accompagner la transition énergétique chinoise.

Cette coopération s'étend désormais à des domaines plus vastes. Beijing a récemment accueilli, au Centre national des congrès, la cérémonie de dévoilement de la plaque commémorative du Parc industriel des énergies et équipements propres Chine-France (Taishan), dans le cadre du 16e Salon international de l'industrie nucléaire de Chine.

M. Lamarcade exprime sa confiance dans le développement de ce pôle industriel, précisant que le groupe EDF mobilisera l'ensemble de sa chaîne d'approvisionnement afin de fédérer les acteurs clés des deux pays autour de ce projet emblématique.

Chen Anming, secrétaire du Comité du PCC pour la ville de Jiangmen, déclare pour sa part que la coopération nucléaire sino-française a évolué d'un simple "transfert de technologie" vers une véritable "innovation conjointe". S'appuyant sur ce partenariat nucléaire historique, le parc industriel entend devenir une référence en matière de coopération économique et technologique entre la Chine et l'Europe.

"De la construction conjointe de la Centrale nucléaire de Daya Bay à la mise en service du premier réacteur EPR au monde - la Centrale de Taishan -, en passant par le partage d'expériences en matière de construction et d'exploitation avec des unités similaires à l'étranger, sans oublier la coopération approfondie dans les domaines des talents, des technologies et de l'innovation, la collaboration sino-française dans le nucléaire ne cesse de s'élargir, de se diversifier et de s'enrichir", conclut M. Liu.